Attendue avec impatience, la Biennale 2025 du Philharmonique de Berlin a proposé une immersion sensorielle autour de la nature et de sa vulnérabilité. Placé sous le titre Paradise lost ?, le concert spécial a marqué les débuts de Marin Alsop à la tête de l’orchestre. Présentée du 20 au 22 février à la Philharmonie de Berlin, cette série de représentations a suscité l’enthousiasme du public.
Sous la direction de Marin Alsop, le Berliner Philharmoniker et le Rundfunkchor Berlin ont interprété un programme puisé sur quatre continents, offrant au public un voyage musical aussi riche que saisissant. En mêlant œuvres inspirées de paysages variés, la soirée a exalté la splendeur de la nature tout en soulignant les menaces écologiques actuelles.
La scénographie du concert, exploitant la structure architecturale plurielle de la Philharmonie, a permis une disposition inédite des musiciens dans l’espace — certains instruments étant positionnés à différents niveaux de la salle. Résultat : une immersion acoustique inhabituelle, multidirectionnelle et remarquablement nuancée.
Paysages sonores des quatre continents
Le programme du concert tissait un récit planétaire, convoquant les voix musicales de régions diverses pour rendre hommage à la nature dans toute sa complexité.
Outi Tarkiainen – Day Night Day (création mondiale)
La compositrice finlandaise dépeint dans cette œuvre la beauté silencieuse du Nord et l’éclat des aurores boréales. Par une écriture musicale délicate, elle explore la dualité de la nature arctique — à la fois apaisante et impitoyable.
Brett Dean – Fire Music (création allemande)
Inspirée des incendies dévastateurs en Australie en 2009, cette pièce dramatique évoque la destruction mais aussi la résilience de la nature. La musique devient ici symbole de renaissance, exprimant la force de régénération des écosystèmes après la catastrophe.
Aaron Copland – Appalachian Spring
Figure emblématique de la musique américaine, Copland livre avec cette œuvre la simplicité pastorale et la tendresse du paysage nord-américain. Portée par des mélodies épurées et lumineuses, la partition immerge l’auditeur dans l’esprit du folklore des Appalaches.
Heitor Villa-Lobos – Chôros n° 10 “Rasga o coração”
La luxuriance de l’Amazonie prend vie dans cette fresque orchestrale intense, enrichie par la puissance d’un chœur. Entre rythmes effervescents et envolées vocales, Villa-Lobos célèbre la vitalité sauvage et la diversité sonore de la forêt tropicale.
Marin Alsop : une cheffe d’orchestre qui fait date

Originaire de New York, Marin Alsop s’est imposée comme une figure pionnière de la direction d’orchestre. Formée à Yale puis à la Juilliard School, elle fut l’élève du légendaire Leonard Bernstein, qui la qualifia un jour de « merveilleuse, tout simplement exceptionnelle ».
Première femme à diriger un grand orchestre symphonique aux États-Unis, elle marque également l’histoire en 2013 en devenant la première femme à assurer la soirée de clôture des BBC Proms — une performance saluée comme un moment décisif dans l’univers très masculin de la musique classique.
Sa carrière internationale l’a conduite à la tête d’orchestres prestigieux tels que le London Philharmonic Orchestra, l’Orchestre symphonique de São Paulo ou encore l’Orchestre symphonique de la radio de Vienne (ORF). Connue pour ses interprétations claires, sobres et centrées sur l’essence même de la musique, Alsop se distingue aussi par son engagement dans des projets éducatifs et sociaux, affirmant la capacité de la musique à transformer les sociétés.

La musique ne sauvera peut-être pas le monde, mais elle peut ouvrir des portes
Avant le concert, Marin Alsop a partagé une réflexion lucide sur le rôle de l’art face aux crises contemporaines. Selon elle, la musique ne résout pas directement les problèmes du monde, mais agit comme un langage émotionnel puissant capable de susciter la conscience et le dialogue.
« Peut-être que ce genre de concert peut, à tout le moins, initier une conversation. La musique peut toucher les cœurs là où les mots ne suffisent plus. »
Par cette déclaration, la cheffe d’orchestre affirme sa vision humaniste d’un art accessible, ouvert et porteur de sens dans une époque marquée par l’incertitude.
Le Rundfunkchor Berlin : une référence vocale européenne

Fondé en 1925, le Rundfunkchor Berlin est l’un des ensembles vocaux les plus respectés d’Europe. Son répertoire, d’une richesse remarquable, s’étend des œuvres baroques complexes aux créations les plus contemporaines, explorant sans cesse de nouvelles dimensions musicales.
Réputé pour sa précision technique, son homogénéité vocale et sa clarté sonore, le chœur a conquis les scènes internationales à travers de nombreuses tournées et enregistrements primés. En collaboration régulière avec le Berliner Philharmoniker et d’autres grandes formations du monde entier, il continue de s’imposer comme un pilier incontournable du paysage choral mondial.
Berliner Philharmoniker : au sommet de l’excellence orchestrale
Le Berliner Philharmoniker figure parmi les trois orchestres les plus prestigieux au monde. Fondé en 1882, il incarne depuis plus d’un siècle l’excellence musicale, la diversité de répertoire et l’audace artistique.
Sous la direction de chefs emblématiques tels que Herbert von Karajan, Claudio Abbado ou Sir Simon Rattle, l’orchestre a su cultiver une tradition d’innovation tout en restant fidèle à ses racines. Sa participation à la Biennale 2025 avec le programme Paradise lost ? confirme une fois encore sa capacité à allier virtuosité, engagement et modernité.

La Philharmonie de Berlin : un chef-d’œuvre acoustique et architectural
Inaugurée en 1963 et conçue par l’architecte Hans Scharoun, la Philharmonie de Berlin est devenue un symbole de l’architecture moderniste organique. Sa façade aux formes ondulantes inspirées de la nature, revêtue de panneaux dorés, fait de ce bâtiment bien plus qu’un simple lieu de concert — c’est un repère culturel et architectural incontournable de la capitale allemande.
L’intérieur de la salle se distingue par une acoustique exceptionnelle, réputée comme l’une des meilleures au monde. Son agencement en « vignoble », où le public entoure la scène sur plusieurs niveaux, permet à chaque spectateur de bénéficier d’une vue dégagée et d’une expérience sonore immersive, quels que soient son emplacement ou sa distance par rapport aux musiciens.

Une scène mondiale accessible en ligne
Les concerts du Berliner Philharmoniker sont diffusés à l’échelle internationale via la plateforme Digital Concert Hall. Proposant une qualité d’image en ultra haute définition et une restitution sonore immersive, le service permet aux mélomanes du monde entier de vivre l’expérience de la Philharmonie depuis chez eux.
Environ 50 concerts sont retransmis en direct chaque saison, tandis qu’une vaste archive couvrant plus de 60 ans de captations est accessible à la demande. Ce dispositif numérique innovant prolonge l’excellence de l’orchestre au-delà des murs de la salle, créant un lien direct entre le public mondial et l’univers du classique.
Pour consulter la programmation à venir et découvrir les projets de l’orchestre, rendez-vous sur berliner-philharmoniker.de.